L’ombre
L’ombre est un concept issu du psychanalyste Carl Gustav JUNG qui dès 1912 évoquait le « côté ombrageux du psychisme ».
L’ombre est la partie de nous que nous refusons de voir. C’est tout ce que nous avons refoulé dans l’inconscient par souci d’adaptation pour ne pas être rejeté par nos proches, notre entourage et la société. Nous avons craint de perdre leur amour, leur affection, leur estime et leur reconnaissance en les décevant ou en les rendant honteux de certains de nos comportements, actes et parties de notre personnalité.
Ainsi, nous avons enfoui en nous un vaste monde souterrain fait de répression, de refus, de refoulement que nous avons accumulés au fil des années. « L’ombre, c’est cet obscur trésor fait d’éléments infantiles de l’être, de ses attachements, de ses symptômes névrotiques, enfin de ses talents et ses dons non développés. Elle assure le contact avec les profondeurs cachées de son âme, avec la vie, la vitalité et la créativité.[1] »
On distingue 2 types d’ombres : l’ombre noire et l’ombre blanche. L’ombre noire est le résultat de tout ce que nous refoulons et combattons pour nous faire accepter et elle se manifeste souvent chez les personnes ayant acquis une réputation de droiture et de vertu. Tandis que l’ombre blanche est tout ce que nous admirons ou rêvons secrètement (qualités, compétences, aptitudes…) que nous n’avons pas pu développer et que nous ne nous sommes pas appropriés soit parce qu’il nous l’a été interdit, soit parce que nous refusons de le voir en nous. « Elle tire son origine de la pression qu’un milieu familial et social a exercée dès le plus jeune âge en imposant des normes de conduite et des attitudes déviantes.[2] »
Il est donc important de travailler sur son ombre car le but n’est pas de fuir ou de réprimer son ombre mais de l’apprivoiser pour réintégrer dans le conscient les parties de soi que l’on a refoulées et/ou qui ont été brimées. Il faut donc se réapproprier ces parties de soi afin d’atteindre l’épanouissement optimal de sa personne. Cela commence d’abord par une reconnaissance de l’existence de son ombre et une émergence de ses ressources inexploitées. « Le travail patient et intelligent de l’apprivoisement de son ombre mettra au jour d’immenses potentialités restées enfouies à l’état sauvage dans l’inconscient. Leur actualisation produira un surcroit de vitalité en même temps qu’elle stimulera la créativité dans toutes les dimensions de la vie.[3] »
Sans cela, nous risquons d’être confrontés perpétuellement à notre ombre qui cherchera à s’affirmer à notre insu et créera des conflits d’ordre psychologique et social. La méconnaissance de notre ombre entraînera une obsession et une projection sur autrui et on aura « tendance soit à idéaliser les porteurs de ses projections, soit à les mépriser ou en avoir peur.»
En effet, ce qu’on refusera de voir en nous sera omniprésent sur ceux qui nous entourent avec des situations et des évènements semblables dans notre vie. Nos propres projections se réfléchiront sur nous et viendront nous hanter tant qu’une prise de conscience ne sera pas établie.
Il est donc primordial d’observer, d’identifier et d’apprivoiser son ego et son ombre pour ne plus se laisser guider par des systèmes de croyances et des parties obscures de notre personnalité, notre « faux-moi » mais plutôt par des décisions justes, d’amour, par notre véritable nature et individualité.
Pour cela, il va aussi falloir reconnaître ses blessures profondes car de celles-ci découlent les masques et comportements défensifs que nous avons mis en place.
[1] Liliane FREY-ROHN, dans C. ZWEIG et J. ABRAMS (éd), Meeting the Shadow : The Hidden Power of the Dark Side of Human Nature, LOS Angeles, Jeremy P. Tarcher, 1991, p.xvii
[2] Jean Monbourquette. Apprivoiser son ombre. Le côté mal aimé de soi. Editions Novalis 2010. Editions Bayard, 2011. P. 42.
[3] Jean Monbourquette. Apprivoiser son ombre. Le côté mal aimé de soi. Editions Novalis 2010. Editions Bayard, 2011. P. 20.